Les Halls des Neuf Mondes
Æsir (dieux) et Ásynjur (déesse)
Les Æsir forment le panthéon principal des dieux nordiques, celui qu’évoque le plus souvent Snorri Sturluson dans son Edda. Leur nombre est grand, et leur organisation hiérarchique reflète une société de guerriers et de souverains : Odin, le dieu-roi, trône au sommet, entouré de dieux combattants comme Thor ou Týr, de protecteurs comme Heimdallr ou Víðarr, mais aussi de figures plus tragiques comme Baldr ou Höðr, et de déesses (Ásynjur) aux fonctions multiples, allant de la souveraineté de Frigg à la guérison d’Eir.
Contrairement aux Vanir, tournés vers la fertilité et la prospérité, les Æsir incarnent la guerre, la souveraineté et l’ordre du monde. Mais leur diversité est immense : certains, comme Bragi ou Iðunn, sont liés à la poésie et à la jeunesse ; d’autres, comme Loki, introduisent le chaos et la ruse au sein même d’Ásgard.
C’est aussi parmi les Æsir que l’on trouve les destins les plus lumineux et tragiques, à l’image de Baldr, dont la mort annonce le Ragnarök. Dans leur ensemble, les Æsir représentent la volonté d’organisation du cosmos, la défense de l’ordre établi contre les puissances destructrices, et le reflet d’une société humaine projetée dans le divin.
Odin (Óðinn, « fureur » ou « inspiration »)
Fils de Borr et de la géante Bestla, Odin est le souverain d’Ásgard et maître des runes. Mari de Frigg, il est père de Thor, Baldr, Höðr, Váli, Víðarr et Bragi selon les traditions. Infatigable quêteur de savoir, il sacrifia un œil pour boire à la source de Mímir et se pendit à Yggdrasil pour découvrir les runes. Il incarne le souverain magicien, à la fois sage, rusé et stratège.
Vili (« volonté ») et Vé (« sacré, saint »)
Frères d’Odin, ils participèrent avec lui à la mise à mort du géant Ymir et à la création du monde. Vili représente l’élan vital, Vé le rite qui ordonne. On ne leur connaît pas d’unions ni de descendants, mais ils incarnent les forces créatrices qui mirent fin au chaos primordial.
Frigg (« l’aimée, l’épouse »)
Épouse d’Odin, mère de Baldr et de Höðr, Frigg est la reine d’Ásgard. Gardienne du foyer et des liens familiaux, elle connaît le destin de tous mais garde ce savoir dans le silence. Elle incarne la souveraineté féminine, la fidélité et la protection maternelle.
Jörð (« Terre »)
Personnification de la Terre, Jörð est une géante unie à Odin. De cette union naquit Thor, le plus puissant défenseur des dieux. Elle symbolise la Terre-mère, nourricière et indomptable, fondement de toute force vitale.
Thor (Þórr, « tonnerre »)
Fils d’Odin et de Jörð, Thor est le plus puissant défenseur des dieux et des hommes. Armé du marteau Mjöllnir forgé par les nains, il protège Ásgard contre les géants. Marié à Sif, il est père de Þrúðr, Magni et Móði. Il incarne la force brute, la protection et la tempête sacrée.
Týr (« dieu », apparenté au dieu germanique Tiwaz)
Dieu ancien de la guerre et de la justice, Týr est surtout connu pour avoir sacrifié sa main droite afin que les dieux enchaînent le loup Fenrir. Fils d’Odin selon Snorri, il n’a pas d’union connue. Il incarne le courage, le sacrifice et la justice guerrière.
Heimdallr (« l’éclat du monde »)
Gardien du pont Bifröst, Heimdallr est né de neuf mères géantes. Ses sens sont si aiguisés qu’il entend l’herbe pousser et voit à des lieues. Il possède le cor Gjallarhorn, qu’il sonnera au Ragnarök. Père de l’humanité selon le Rígsþula, il incarne la vigilance absolue et la frontière sacrée.
Víðarr (« celui qui règne largement »)
Fils d’Odin et de la géante Gríðr, Víðarr est le dieu silencieux et patient. On lui prédit de venger son père au Ragnarök en déchirant la gueule de Fenrir. Il incarne la vengeance muette, la force tranquille et la persévérance.
Váli (« celui qui choisit » ou « celui qui commande »)
Fils d’Odin et de Rindr, Váli naît uniquement pour venger Baldr. À peine un jour après sa naissance, il tue Höðr, l’instrument du meurtre. Il incarne la vengeance inexorable et le destin implacable.
Ullr (« gloire »)
Fils de Sif et beau-fils de Thor, Ullr est le dieu de la chasse, du ski et des serments. On lui attribue une grande habileté martiale et une aura redoutée. Il n’a pas d’enfant connu. Il incarne la maîtrise, la précision et l’honneur des serments.
Baldr (« le brillant, le lumineux »)
Fils d’Odin et de Frigg, Baldr est le plus pur et le plus aimé des dieux. Époux de Nanna, il est père de Forseti. Sa mort, causée par la ruse de Loki qui manipula son frère Höðr, annonce le Ragnarök. Baldr incarne la lumière, l’innocence et la beauté sacrée, mais aussi la fragilité de toute perfection.
Höðr (« celui qui frappe »)
Fils d’Odin et de Frigg, frère jumeau de Baldr, Höðr est aveugle. Trompé par Loki, il lança le rameau de gui qui tua son frère bien-aimé. Innocent mais instrument du malheur, il incarne la tragédie, la fatalité et l’innocence détournée.
Forseti (« celui qui préside »)
Fils de Baldr et de Nanna, Forseti est le dieu de la justice et de la réconciliation. Il siège dans un palais étincelant où il tranche les conflits avec équité. Il incarne la paix, la médiation et la loi sacrée.
Hermóðr (« esprit du combat »)
Fils d’Odin, Hermóðr est le messager des dieux. C’est lui qui chevaucha Sleipnir jusqu’à Hel pour tenter de ramener Baldr. Il incarne la loyauté, le courage et le rôle de messager entre les mondes.
Bragi (« poésie »)
Fils d’Odin et parfois de Gunnlöd selon certaines traditions, Bragi est l’époux d’Iðunn. Dieu de la poésie et de l’art oratoire, il accueille les guerriers tombés au combat dans le Valhalla avec des chants. Il incarne la parole inspirée, la mémoire et la création poétique.
Iðunn (« la rajeunissante »)
Épouse de Bragi, Iðunn garde les pommes d’or qui assurent la jeunesse éternelle des dieux. Elle fut une fois enlevée par le géant Þjazi, ce qui faillit plonger les dieux dans la vieillesse. Sans elle, le panthéon dépérirait. Elle incarne la jeunesse, le renouveau et la vitalité divine.
Loki (« nœud, lien » ou « celui qui ferme »)
Fils du géant Fárbauti et de Laufey, Loki est un être ambigu, compagnon d’Odin et des Ases mais aussi leur traître. Il est l’époux de Sigyn et le père de Váli et Narfi, mais aussi, avec la géante Angrboda, le géniteur de Fenrir, Jörmungandr et Hel. Ses métamorphoses et ses ruses sauvent parfois les dieux, mais conduisent aussi à la mort de Baldr. Il incarne le chaos, la ruse et la transgression.
Eir (« aide, secours »)
Déesse associée à la guérison. Elle est parfois décrite comme une Valkyrie. Peu de récits lui sont consacrés, mais elle incarne la médecine et la protection des vies.
Fulla (« plénitude, abondance »)
Servante et confidente de Frigg, elle garde les coffres de la déesse et connaît ses secrets. Elle incarne la fidélité, le service et la prospérité discrète.
Gná (« élévation »)
Messagère de Frigg, elle chevauche le cheval Hófvarpnir, capable de voler dans les airs et sur les mers. Elle incarne la rapidité, la communication et l’agilité divine.
Sága (« récit, histoire »)
Déesse qui boit avec Odin dans sa demeure de Sökkvabekkr. Elle est associée à la mémoire des récits et aux sagas. Elle incarne la tradition orale et la sagesse poétique.
Lofn (« permission »)
Déesse qui autorise les unions interdites ou difficiles. Elle incarne la tolérance, la compassion et la réconciliation amoureuse.
Sjöfn (« affection »)
Déesse qui inspire l’amour et la tendresse dans les cœurs. Elle incarne la douceur des sentiments et l’harmonie affective.
Vár (« serment »)
Déesse qui entend les serments et punit ceux qui les rompent. Elle incarne la fidélité et la rigueur des promesses sacrées.
Vör (« vigilance »)
Déesse très sagace, à qui rien n’échappe. Elle incarne la curiosité éveillée et le discernement.
Syn (« refus, défense »)
Gardienne des portes d’Ásgard et protectrice lors des procès, elle empêche les intrus d’entrer. Elle incarne la défense, la rigueur et la justice protectrice.
Snotra (« sage, discrète »)
Déesse de la sagesse, de la courtoisie et de la retenue. Elle incarne la mesure et l’élégance intérieure.
Hlín (« protection »)
Confidente de Frigg, envoyée pour protéger les hommes du danger. Elle incarne la protection bienveillante et la consolation.
Gefjon (« la donneuse »)
Déesse associée à la fécondité. Selon Snorri, elle créa l’île de Sjaelland en labourant la terre avec ses fils transformés en bœufs. Elle incarne la fertilité, l’ingéniosité et la puissance créatrice.
Sól (« soleil »)
Fille de Mundilfœri, elle conduit le char du soleil, poursuivi par le loup Sköll. Elle incarne la lumière, la chaleur et le cycle du jour.
Máni (« lune »)
Frère de Sól, il guide le char de la lune, poursuivi par le loup Hati. Il incarne le temps nocturne, le mystère et le cycle des astres.
Nanna (« la courageuse »)
Épouse de Baldr et mère de Forseti. Elle meurt de chagrin à la mort de son mari. Elle incarne la fidélité conjugale et l’amour tragique.
Sigyn (« amie victorieuse »)
Épouse de Loki, mère de Váli et Narfi. Elle reste auprès de son mari enchaîné, recueillant dans un bol le venin qui tombe sur lui. Elle incarne la loyauté et la patience face à l’épreuve.
Sif (« relation de parenté »)
Épouse de Thor, Sif est une déesse de la fertilité et des moissons, célèbre pour sa longue chevelure d’or, forgée par les nains après que Loki lui eut coupé ses cheveux. Avant son mariage avec Thor, elle eut un fils, Ullr, d’un père inconnu. Avec Thor, elle est mère de Þrúðr et peut-être de Móði. Elle incarne la fécondité, l’abondance des récoltes et la beauté rayonnante.
Meili (« frère bien-aimé »)
Frère de Thor, cité dans quelques passages mais sans rôle narratif développé. Sa filiation n’est pas explicitée, bien qu’il soit souvent supposé fils d’Odin. Sans descendance connue, il incarne la présence discrète et le lien fraternel.
Narfi (Nari) (« étroit, contraint »)
Fils de Loki et de Sigyn. Lors du châtiment de son père, il est déchiré par son frère Váli transformé en loup, et ses boyaux servent à lier Loki aux rochers. Il incarne la tragédie innocente et le prix des fautes paternelles.
Váli (fils de Loki) (« celui qui commande »)
Fils de Loki et de Sigyn, à ne pas confondre avec Váli fils d’Odin. Transformé par les dieux en loup, il tue son frère Narfi. Il incarne la violence aveugle et la cruauté du destin.
Þrúðr (Thrúd, « force »)
Fille de Thor et de Sif, parfois citée comme une Valkyrie. Elle fut convoitée par le nain Alvíss, que Thor trompa jusqu’à ce qu’il soit pétrifié par le soleil. Elle incarne la vigueur, la puissance juvénile et l’autorité féminine.
Móði (« courage, colère »)
Fils de Thor, sa mère est selon les sources Sif ou la géante Járnsaxa. Avec son frère Magni, il héritera de Mjöllnir après le Ragnarök. Aucun enfant n’est mentionné. Il incarne la fureur guerrière et le courage indomptable.
Magni (« puissance »)
Fils de Thor et de la géante Járnsaxa, frère de Móði. Alors qu’il n’est encore qu’un enfant, il aide son père à abattre le géant Hrungnir. Avec son frère, il survit au Ragnarök et récupère Mjöllnir. Il incarne la force physique surhumaine et l’héritage de Thor.
Höpt (« lien, entrave »)
Divinité très obscure, citée brièvement dans certaines listes de dieux. Son nom signifie « lien » ou « entrave », ce qui a conduit certains à l’associer symboliquement aux chaînes et aux serments. Aucun récit ne le met en scène, mais il incarne l’idée d’attache et de contrainte sacrée, reflet des forces qui lient les êtres et les destins.
Kvasir (« fermentation, breuvage pressé »)
Être né de la salive mêlée des Ases et des Vanes, lors de la paix conclue après leur guerre. Incarnation de la sagesse et du savoir, il parcourait le monde pour enseigner. Les nains Fjalar et Galar le tuèrent et recueillirent son sang, qu’ils mêlèrent au miel pour créer l’hydromel poétique, boisson qui donne le don de poésie et d’inspiration. Kvasir incarne la sagesse partagée, le savoir vital et la parole inspirée.
Vanir
Contrairement aux Æsir, nombreux et hiérarchisés, le clan des Vanir est bien plus restreint dans les sources. Snorri Sturluson, dans l’Edda en prose, ne cite que trois figures majeures : Njörd et ses enfants jumeaux Freyr et Freyja. Tous trois incarnent la fertilité, l’abondance, la paix et les forces de la nature liées à la prospérité des hommes.
Cependant, d’autres noms gravitent autour de ce panthéon : Nerthus, déesse de la Terre mentionnée par l’historien romain Tacite, est parfois rapprochée des Vanir comme une forme archaïque de divinité nourricière. De même, la mystérieuse Gullveig, apparue dans la Völuspá, est liée au clan des Vanir par son rôle déclencheur de la guerre contre les Æsir, bien que son identité demeure incertaine — certains l’assimilant à Freyja.
Ainsi, les Vanir apparaissent comme un petit groupe, mais dont l’influence est immense : ils représentent la fécondité de la terre et des hommes, la richesse, la sensualité et la magie, en contraste avec les Æsir, plus tournés vers la guerre, l’ordre et la souveraineté.
Njörd
Dieu de la mer, des vents et des richesses maritimes, Njörd appartient aux Vanir mais fut envoyé chez les Æsir après la guerre des dieux. Fils de Nerthus (selon certaines traditions) ou issu d’une lignée obscure, il épousa sa propre sœur, donnant naissance à Freyr et Freyja. Installé à Noatun, il incarne la prospérité, la navigation et la paix, mais aussi le lien fragile entre les deux clans divins.
Freyr
Fils de Njörd et frère jumeau de Freyja, Freyr est le dieu de la fertilité, des moissons et de la paix. Marié à la géante Gerðr, il représente l’union entre les dieux et les jötnar. Sa descendance est parfois mentionnée dans les sagas tardives, mais son rôle essentiel reste d’assurer l’abondance et la prospérité des hommes. Il est aussi le maître du sanglier Gullinbursti et du navire magique Skíðblaðnir.
Freyja
Sœur jumelle de Freyr et fille de Njörd, Freyja règne sur l’amour, la sensualité et la magie seiðr, que même Odin apprit d’elle. Mariée à Óðr, souvent absent, elle est mère de Hnoss et Gersemi, symboles de trésors précieux. Elle dirige aussi les morts tombés au combat dans sa salle, le Fólkvangr, partageant cet honneur avec Odin. Freyja incarne à la fois la beauté et la puissance magique la plus redoutée.
Nerthus
Déesse ancienne de la Terre, Nerthus est mentionnée par Tacite comme une divinité primordiale des peuples germaniques. Parfois confondue avec Njörd ou considérée comme sa parente, elle représente la fécondité de la terre nourricière. On la célébrait par des processions sacrées, symbole du renouveau cyclique et de l’harmonie entre l’homme et la nature.
Gullveig
parfois identifiée à Freyja, est une mystérieuse praticienne de seiðr. Venue parmi les dieux, elle fut transpercée et brûlée trois fois par les Æsir, mais renaquit à chaque fois. Sa présence, liée à l’or et à la convoitise, déclencha la grande guerre entre Æsir et Vanir. Son rôle est donc fondateur, même si son identité reste incertaine.
Les Jötnar
Les Jötnar (singulier jötunn) sont les géants de la mythologie nordique, issus du chaos primordial. Descendants d’Ymir, le géant originel façonné par le givre et le feu, ils représentent les forces brutes de la nature : la glace, le feu, les tempêtes, la nuit ou encore les océans.
Contrairement à une vision simpliste qui en ferait uniquement les « ennemis des dieux », les Jötnar occupent une place bien plus complexe. Beaucoup sont en conflit avec les Æsir et les Vanir, mais d’autres s’unissent à eux par des mariages et donnent naissance à des dieux essentiels. Ainsi, la frontière entre « géant » et « dieu » est souvent floue : Jörð, mère de Thor, ou Skadi, épouse de Njörd, en sont de parfaits exemples.
Symboliquement, les Jötnar incarnent l’archaïque et l’incontrôlable : ils sont à la fois destructeurs et indispensables. Sans eux, le cosmos ne se maintiendrait pas. C’est d’ailleurs de la chair d’Ymir que fut façonné le monde.
À travers leurs figures, on retrouve des archétypes puissants : la ruse (Utgard-Loki), la fureur glaciale (Hrímthursar), la séduction et la fertilité sauvage (Gerðr), la vengeance (Skadi), ou encore la fin du monde avec Surtr et ses flammes dévorantes.
Ymir (« Le Bison Gémissant » ou « le Bruit »)
Ymir est le géant primordial, né de la glace de Niflheim et de la chaleur de Muspell. De son corps naquirent les premiers géants de givre. Tué par Odin et ses frères, son corps devint le monde : sa chair forma la terre, son sang les mers, ses os les montagnes. Il incarne le chaos originel et la matière brute du cosmos.
Bestla (sens incertain, peut-être « la Coquille »)
Bestla est fille du géant Bölþorn. Elle devint l’épouse de Borr et donna naissance à Odin, Vili et Vé. Par elle, le sang des géants circule dans la lignée divine. Bestla est le pont entre le chaos des Jötnar et l’ordre des dieux.
Skaði (« Dommage, blessure »)
Fille du géant Þjazi, elle réclama réparation aux dieux pour sa mort. Elle épousa Njörd, mais leur mariage échoua : lui aimait la mer, elle les montagnes enneigées. Déesse des hauteurs glacées, de la chasse et du ski, elle incarne la vengeance et la rudesse des terres sauvages.
Gerðr (« Clôture, enclos »)
Fille des géants Gymir et Aurboða, d’une grande beauté. Elle devint l’épouse du dieu Freyr, qui tomba amoureux d’elle. Leur union symbolise l’intégration de la fertilité sauvage des géants dans l’ordre cultivé des Vanir. Gerðr est l’archétype de la fécondité indomptée.
Angrboda (« Celle qui annonce le malheur »)
Résidant dans le Járnviðr, la Forêt de Fer, elle s’unit à Loki et enfanta Fenrir, Jörmungandr et Hel. Dans la Völuspá, elle est aussi identifiée à la vieille femme qui nourrit une race de loups monstrueux, les Mánagarmar, parmi lesquels Sköll et Hati, les poursuivants du Soleil et de la Lune. Elle incarne la Mère des Monstres, matrice du chaos à venir.
Surtr (« Le Noir »)
Géant de feu, gardien de Muspell. Lors du Ragnarök, il avancera brandissant une épée flamboyante et incendiera le monde. Il incarne la destruction purificatrice et inéluctable.
Hrungnir (« Le Bourdonnant »)
Géant colérique qui défia Odin et Thor. Il fut tué dans un duel par le marteau Mjöllnir. Hrungnir est l’image de l’orgueil brutal et guerrier, destiné à être brisé par l’ordre divin.
Þjazi (peut-être « Glace / Gel »)
Géant qui captura la déesse Iðunn et ses pommes de jouvence. Il fut tué par les dieux, mais sa fille Skaði hérita de son rôle dans la mythologie. Þjazi représente la convoitise des forces vitales.
Geirröd (« Celui de la Lance Rouge »)
Un géant cruel et rusé, ennemi de Thor. Il tenta de piéger le dieu dans sa demeure, mais périt sous Mjöllnir. Geirröd symbolise la perfidie et l’hostilité perfide.
Útgarða-Loki (« Loki de l’Outre-monde »)
Roi des géants de Jötunheim, maître des illusions. Il défia Thor et ses compagnons avec des épreuves impossibles, toutes basées sur la ruse et la magie trompeuse. Il incarne la ruse et la relativité des forces.
Ægir (« Mer »)
Géant de la mer, parfois vu comme une divinité océanique. Époux de Rán, avec qui il engendra neuf filles, personnifications des vagues. Ægir représente la mer accueillante mais aussi déchaînée, source de festins autant que de naufrages.
Rán (« Rapine, avidité »)
Épouse d’Ægir. Elle capture les marins noyés dans son filet et les entraîne au fond des flots. Rán incarne l’avidité des eaux, à la fois nourricière et mortelle.
Hymir (peut-être « le Crépitant »)
Géant pêcheur, père de Týr selon certaines traditions. Thor alla pêcher avec lui et captura Jörmungandr avant que Hymir rompe la ligne. Il représente la puissance des profondeurs et la peur de l’incontrôlable.
Baugi (« L’Anneau, le Coude »)
Frère du géant Suttungr. C’est lui qui accueillit Odin lors de sa quête de l’hydromel poétique. Il fut trompé par le dieu. Baugi illustre la faiblesse des géants face à la ruse d’Odin.
Gunnlöd (« Invitation au Combat »)
Fille de Suttungr, gardienne de l’hydromel poétique. Odin la séduisit et obtint l’hydromel grâce à elle. Gunnlöd incarne la séduction et la transmission du savoir par l’intimité.
Hyrrokkin (« Celle aux Hanches de Feu »)
Géante appelée pour pousser le navire funéraire de Baldr, trop lourd pour les dieux. Montée sur un loup, elle illustre la force titanesque et sauvage des Jötnes.
Járnsaxa (« L’Épée de Fer »)
Géante unie à Thor, avec qui elle engendra Magni. Son nom la relie à la dureté métallique et guerrière. Elle représente la fécondité brutale des unions entre dieux et géants.
Vafþrúðnir (« Celui d’une grande sagesse »)
Géant très savant qui affronta Odin dans un duel d’énigmes. Vaincu, il dut révéler son destin. Vafþrúðnir incarne la sagesse des anciens géants, mais aussi leur limite face à la connaissance d’Odin.
Þökk (« L’Ingratitude »)
Vieille géante (parfois assimilée à Loki déguisé) qui refusa de pleurer la mort de Baldr, empêchant ainsi son retour. Elle représente la malveillance froide et le refus de compassion.
Gríðr (« Violence, avidité »)
Géante bienveillante, mère de Víðarr avec Odin. Elle offrit à Thor ses gants et sa ceinture pour vaincre Geirröd. Elle incarne l’ambiguïté des Jötnar, parfois alliés des dieux.
Mímir (« Mémoire »)
Souvent classé à part, mais d’origine géante. Gardien du puits de sagesse, il est décapité durant la guerre des Æsir et Vanir, mais Odin conserve sa tête pour ses conseils. Il symbolise la sagesse profonde et le savoir primordial.
Þrúðgelmir et Bergelmir
Descendants d’Ymir. Bergelmir échappa au déluge de sang qui noya les géants après la mort d’Ymir, et devint l’ancêtre de tous les Jötnar actuels. Ils incarnent la pérennité du chaos.
Les Nains (Dvergar)
Les nains, ou dvergar en vieux norrois, sont des êtres souterrains, maîtres du métal, de la pierre et de la magie cachée. Leur origine remonte aux premiers instants du monde : Snorri raconte qu’ils naquirent comme des vers rampant dans la chair du géant Ymir. Les dieux leur donnèrent alors forme humaine et raison, mais ils demeurèrent liés aux profondeurs, au noir des cavernes et à la flamme des forges.
Ambivalents, ils sont tantôt bienveillants, tantôt perfides. Sans eux, les dieux n’auraient pas leurs trésors les plus précieux : le marteau Mjöllnir de Thor, l’anneau Draupnir d’Odin ou le sanglier Gullinbursti de Freyr. Mais leur avidité, leur goût pour l’or et leur rancune en font aussi des figures dangereuses. Transformés en dragons ou maudissant leurs propres créations, les nains incarnent la sagesse cachée et corrompue des richesses enfouies.
Dans la mythologie nordique, ils représentent l’artisanat divin, mais aussi l’ombre des trésors : ce qui brille attire, mais corrompt ceux qui le désirent trop.
Norðri, Suðri, Austri, Vestri
Ces quatre nains soutiennent la voûte du ciel, chacun placé à un point cardinal. Ils incarnent la stabilité cosmique et la fonction d’architectes de l’univers.
Brokk et Eitri (ou Sindri)
Deux frères forgerons. Ils fabriquèrent pour les dieux des trésors inestimables : le marteau Mjöllnir de Thor, le sanglier Gullinbursti de Freyr et l’anneau Draupnir d’Odin. Ils représentent la maîtrise artisanale et créatrice, capables de surpasser même les autres artisans.
Alvíss (« Très sage »)
Un nain qui voulait épouser Þrúðr, fille de Thor. Pour l’éprouver, Thor le soumit à un concours de savoir. Bien qu’Alvíss triomphât, Thor l’occupa jusqu’au lever du soleil, qui le transforma en pierre. Alvíss est l’incarnation du savoir universel, mais aussi du danger de l’avidité.
Andvari (« Prudent, précaution »)
Gardien d’un trésor et d’un anneau magique, Andvaranautr. Trompé par Loki, il lança une malédiction sur l’anneau, qui devint la source des malheurs des Völsungar et des Nibelungen. Il symbolise l’avarice et la malédiction de la richesse.
Dvalinn (« L’Endormi »)
Un des chefs des nains, souvent cité dans les listes de noms. Associé à la connaissance runique et à la magie. Dans certains poèmes, il est à l’origine des runes utilisées par les nains. Dvalinn incarne la sagesse cachée sous terre.
Fafnir (« L’Enlaceur »)
Nain devenu dragon par cupidité. Avec son frère Reginn, il tua leur père Hreiðmarr pour s’approprier l’or maudit d’Andvari. Transformé en serpent-dragon, il fut finalement tué par Sigurd. Fafnir représente la métamorphose par l’avidité et la corruption du trésor.
Reginn (« Conseiller »)
Frère de Fafnir, maître forgeron. Il éleva Sigurd et l’arma pour tuer Fafnir, mais fut à son tour tué par son élève. Reginn illustre la connaissance technique et la perfidie.
Les nains de la Völuspá (liste avec traduction)
- Dáinn → « Le Mort »
- Althjof (Althjofr) → « Grand Bruit »
- Dúrinn → « Le Dormeur »
- Náin → « Le Cadavre »
- Niði (Niði) → « L’Obscur, celui de la Nuit »
- Náli → « L’Aiguille »
- Nýráðr → « Nouveaux Conseils »
- Nýráðinn → « Celui qui a pris une nouvelle décision »
- Gandálfr → « Elfe-magicien » (oui ! c’est l’origine du nom de Gandalf chez Tolkien)
- Vindálfr → « Elfe du Vent »
- Fíli → « Le Petit »
- Kíli → « Le Coin »
- Bífur → « Le Tremblotant »
- Báfur → « Le Secoué »
- Bömburr → « Le Gras, l’Enflé »
- Nóri → « Le Minier »
- Ori → « Le Dévoué »
- Oinn → « Le Brillant »
- Glóinn → « L’Incandescent »
- Dvalinn (re-cité plus tard, preuve que les listes ne sont pas cohérentes à 100%)
- Andvari → « Le Prudent »
- Brokk → « La Grenouille » (ou « celui qui forge » selon d’autres étymologies)
- Eitri/Sindri → « L’Étincelle / Le Scintillant »
Beaucoup d’autres noms existent dans les variantes manuscrites (parfois plus d’une centaine), comme :
- Skirvir → « Le Clair »
- Virvir → « Le Trembleur »
- Litr → « La Couleur »
- Eikinskjaldi → « Bouclier de Chêne »
- Frosti → « Le Givré »
- Jari → « Le Guerrier »
Les Elfes
Les elfes (álfar) sont des êtres mystérieux de la mythologie scandinave, jamais décrits avec autant de détails que les dieux ou les géants. Snorri Sturluson distingue deux catégories :
- Les Ljósálfar, les « elfes lumineux », vivant dans Álfheimr. Ils sont « plus beaux que le soleil » et incarnent la fertilité, la lumière et la prospérité.
- Les Dökkálfar ou Svartálfar, les « elfes sombres », vivant sous terre. Ils sont « noirs comme la poix », liés aux ténèbres et à la matière cachée.
Beaucoup d’auteurs modernes pensent que les Svartálfar sont très proches des nains, voire confondus avec eux dans certaines traditions. Les Ljósálfar, eux, semblent être des esprits bénéfiques de la nature, proches des Vanir et liés à la fécondité des champs et à la beauté.
Leur rôle symbolique
- Ljósálfar : représentent la vie, la clarté, la vitalité. On peut les voir comme des personnifications de la lumière qui nourrit les récoltes, et de la grâce qui embellit le monde.
- Dökkálfar : incarnent l’ombre, le secret et l’ambivalence. Ils rappellent que ce qui est caché dans la terre — les métaux, les trésors, mais aussi la mort — peut être à la fois utile et dangereux.
Ils forment ainsi un couple symbolique : lumière/ombre, surface/profondeur, bienveillance/mystère.
Comment les repérer dans les sagas et poèmes ?
Les elfes ne sont pas toujours mentionnés de manière explicite. Pour les reconnaître :
- Quand un texte parle d’Álfheimr (le « monde des elfes »), il s’agit directement des Ljósálfar. Par exemple, Freyr reçoit Álfheimr comme cadeau.
- Les généalogies royales norvégiennes mentionnent parfois des ancêtres appelés álfar, ce qui signale une filiation « elfique ».
- Les poètes scalds utilisent souvent « álfr » dans les kenningar (métaphores poétiques), pour évoquer la beauté, la lumière, ou au contraire les profondeurs obscures.
- Dans les sagas tardives, un roi d’Álfheimr ou un héros nommé avec le suffixe -álfr (ex. Kjárr/Kíarr, Álfr) peut être vu comme un représentant des elfes.
Ainsi, même sans longs récits consacrés à eux, les elfes se devinent en arrière-plan comme des forces cosmiques et naturelles, entre les dieux et les hommes.
Les grands animaux de la mythologie nordique
Fenrir (« le Marteleur » ou « le Loup du Marais »)
Fils de Loki et d’Angrboda, ce loup gigantesque fut enchaîné par les dieux car il grandissait trop vite et devenait une menace. Il brisera ses chaînes au Ragnarök et dévorera Odin.
Archétype : la colère incontrôlable, la force du chaos indomptable.
Jörmungandr (« Le Serpent du Monde »)
Fils de Loki et d’Angrboda, serpent géant jeté dans l’océan par Odin. Il grandit jusqu’à encercler Midgard et mordre sa propre queue. Il affrontera Thor lors du Ragnarök et les deux périront.
Archétype : le cycle, l’inéluctabilité du destin, l’étouffement cosmique.
Sleipnir (« Le Glissant »)
Le cheval à huit jambes d’Odin, né de l’union entre Loki (métamorphosé en jument) et l’étalon Svaðilfari. Il est le plus rapide des chevaux et porte Odin dans les neuf mondes.
Archétype : la puissance du voyage chamanique et du passage entre les mondes.
Hugin et Munin (« Pensée » et « Mémoire »)
Les deux corbeaux d’Odin parcourent le monde chaque jour et lui rapportent ce qu’ils voient. Ils symbolisent la double faculté de l’esprit.
Archétype : la connaissance et la vigilance de l’esprit.
Sköll et Hati (« Moqueur » et « Haine »)
Loups monstrueux issus de la lignée d’Angrboda. Sköll poursuit le soleil et Hati la lune. Au Ragnarök, ils parviendront à les dévorer.
Archétype : la poursuite inexorable, la destruction du cycle cosmique.
Mánagarmr (« Loup de la Lune »)
Dans la Völuspá, il est dit qu’une vieille femme du Járnviðr nourrit ces loups. Mánagarmr n’est peut-être pas un individu unique mais une race de loups dévoreurs d’astres.
Archétype : la faim insatiable, la fatalité cosmique.
Garmr (« Le Chien »)
Chien monstrueux lié au royaume des morts (souvent confondu avec Fenrir). Il est enchaîné devant la caverne de Gnipahellir et se libère au Ragnarök pour affronter Tyr.
Archétype : le gardien du seuil, l’instinct sauvage de la mort.
Níðhöggr (« Celui qui frappe avec malveillance »)
Dragon-serpent qui ronge les racines d’Yggdrasil, l’Arbre-Monde. En haut de l’arbre, un aigle le nargue, et l’écureuil Ratatoskr transmet leurs insultes.
Archétype : la corruption, la décadence, la destruction intérieure.
Ratatoskr (« Dent-qui-perce »)
Écureuil messager entre l’aigle au sommet d’Yggdrasil et Níðhöggr à sa racine. Il répand insultes et discorde.
Archétype : la mesquinerie, la communication destructrice.
Heiðrún (« Peau brillante »)
La chèvre sur le toit du Valhalla, qui se nourrit des feuilles de l’arbre Læraðr et dont les pis coulent un hydromel inépuisable pour les einherjar.
Archétype : la source de joie et d’abondance.
Sæhrímnir (« Le Porc marin »)
Sanglier mythique du Valhalla, tué chaque soir par le cuisinier Andhrímnir et ressuscité chaque matin pour nourrir les guerriers.
Archétype : le renouveau éternel, le sacrifice perpétuel.
Gullinbursti (« Soies d’or »)
Sanglier forgé par les nains Brokk et Eitri, offert à Freyr. Sa crinière d’or éclaire la nuit.
Archétype : la fertilité et la lumière triomphante.
Hildisvíni (« Sanglier de combat »)
Monture de Freyja, parfois identifié comme un homme transformé.
Archétype : la force guerrière et protectrice.
Auðumbla (« Vache nourricière »)
Vache primordiale qui léchait la glace au début du monde. Son lait nourrit le géant Ymir et ses coups de langue libérèrent Búri, ancêtre des dieux.
Archétype : la maternité originelle, la source de vie.
Hræsvelgr (« Avaleur de cadavres »)
Un géant-aigle assis au bord du monde, dont les battements d’ailes provoquent les vents.
Archétype : la puissance des éléments, le souffle destructeur.
Eikþyrnir (« Bois de chêne »)
Un grand cerf sur le toit du Valhalla, qui broute les feuilles de Læraðr. De ses bois coulent des ruisseaux qui alimentent toutes les rivières.
Archétype : la circulation vitale, le flux de la nature.
Tanngnjóstr et Tanngrisnir (« Grince-dents » et « Casse-dents »)
Les deux boucs de Thor, qui tirent son char. Ils peuvent être tués pour nourrir Thor et ses compagnons, puis revenir à la vie si les os ne sont pas brisés. Archétype du sacrifice et du renouveau.
Gullinbursti (« Soies d’or »)
Sanglier de Freyr, forgé par les nains. Sa crinière d’or éclaire les ténèbres, et il porte Freyr au combat. Symbole de lumière et de fertilité.
Hildisvíni (« Sanglier de combat »)
Monture de Freyja, parfois décrit comme un homme transformé (Hildisvínr peut être Óttar, son protégé). Symbole de protection et de puissance guerrière.
Skinfaxi et Hrímfaxi (« Crinière brillante » et « Crinière de givre »)
Chevaux mythiques liés au jour et à la nuit. Skinfaxi tire le char du Jour (Dagr) et éclaire le monde de sa crinière lumineuse. Hrímfaxi tire la Nuit (Nótt) et couvre la terre de rosée.
Arvakr et Alsviðr (« Toujours éveillé » et « Très rapide »)
Les deux chevaux qui tirent le char du soleil, conduit par la déesse Sól. Leur puissance symbolise la persistance et la course cosmique.
Svaðilfari (« Voyage malchanceux »)
Étalon du maître-bâtisseur qui faillit construire les murs d’Ásgard. Séduit par Loki transformé en jument, il engendra Sleipnir. Symbole de la force créatrice détournée.
Geri et Freki (« Le Vorace » et « Le Glouton »)
Les deux loups qui accompagnent Odin dans le Valhalla. Tandis que le dieu ne se nourrit que de vin, il leur laisse toute sa nourriture, faisant d’eux ses inséparables compagnons. Ils symbolisent l’appétit insatiable qui accompagne la guerre et la soif de sang sur le champ de bataille.
Archétype : la faim sans fin, l’avidité guerrière et la voracité du pouvoir.
L’aigle sans nom et Véðrfölnir (« Pâli par le vent »)
Un aigle immense vit au sommet d’Yggdrasil, observant le monde depuis la cime de l’Arbre-Monde. Entre ses yeux est perché un faucon nommé Véðrfölnir, dont la vue est encore plus perçante. Ensemble, ils complètent la grande opposition cosmique avec Níðhöggr, le dragon des racines, et Ratatoskr, l’écureuil messager de discorde.
Archétype : la vigilance céleste, la clairvoyance et la rivalité entre les hauteurs et les profondeurs.
Armes et trésors des dieux
Dans les sagas, les dieux se distinguent aussi par leurs armes et objets magiques, souvent forgés par les nains, maîtres artisans des profondeurs. Ces trésors divins sont indestructibles, dotés de pouvoirs uniques, et représentent l’essence même de ceux qui les portent.
Le plus célèbre est Mjöllnir, le marteau de Thor, forgé par Brokk et Eitri, capable de foudroyer les géants et de toujours revenir dans la main de son maître. Odin possède Gungnir, une lance façonnée par les nains, qui ne manque jamais sa cible, et l’anneau Draupnir, d’où tombent régulièrement d’autres anneaux d’or, symbole de fertilité et de prospérité. Freyr reçut le sanglier d’or Gullinbursti et le navire Skíðblaðnir, qui peut se plier et se glisser dans une poche. Même les objets plus discrets ont leur importance : les pommes d’Iðunn, qui assurent la jeunesse des dieux, ou le collier Brísingamen de Freyja, joyau de beauté et de désir.
Ces armes et trésors, plus que de simples outils, incarnent la puissance divine et la fonction cosmique de chaque dieu : Thor, protecteur armé de son marteau ; Odin, souverain armé de sa lance et de son anneau ; Freyr et Freyja, maîtres de la fertilité avec leurs présents scintillants. Leur origine souterraine rappelle aussi que même les dieux dépendent du travail mystérieux des nains, révélant le lien indissociable entre force, art et magie.
Mjöllnir (« le foudroyant »)
Le marteau de Thor, forgé par les nains Brokk et Eitri, est l’arme la plus redoutée des géants. Capable d’écraser montagnes et ennemis, il revient toujours dans la main de son porteur. Symbole de la protection divine, il incarne la force sacrée, la défense et la foudre vengeresse.
Járngreipr (« pinces de fer »)
Les gants de fer de Thor. Sans eux, il lui serait impossible de tenir son marteau Mjöllnir, tant celui-ci brûle et foudroie d’énergie. Ils incarnent la force canalisée et la maîtrise de la puissance divine.
Megingjörð (« ceinture de puissance »)
La ceinture magique de Thor. Lorsqu’il la serre autour de sa taille, sa force double immédiatement. Elle symbolise la puissance accrue, l’endurance et la domination physique.
Gungnir (« le balançant »)
La lance d’Odin, forgée par les nains, ne manque jamais sa cible. C’est avec elle qu’Odin inaugura la première bataille des dieux en la jetant au-dessus des combattants. Elle incarne la souveraineté, la loi de la guerre et la précision infaillible.
Draupnir (« le dégouttant »)
Anneau d’or d’Odin, forgé également par Brokk et Eitri. Tous les neuf jours, il engendre huit nouveaux anneaux identiques. Symbole de prospérité et de fertilité, il incarne l’abondance inépuisable.
Skíðblaðnir (« la planche habile »)
Navire offert à Freyr par les nains, parfait et immense, mais que l’on peut replier comme un tissu pour le ranger dans une poche. Il incarne l’ingéniosité, la prospérité des voyages et la magie de la navigation.
Gullinbursti (« soies d’or »)
Sanglier d’or forgé par Brokk et Eitri, capable de courir plus vite que n’importe quelle monture et de briller dans l’obscurité. Monture de Freyr, il incarne la fertilité, la lumière et la puissance de la terre.
Brísingamen (« le collier des Brísingar »)
Collier d’or de Freyja, obtenu des nains au prix d’un pacte. Il brille d’une beauté surnaturelle et fait d’elle la plus désirable des déesses. Il incarne la séduction, la richesse et la puissance magique du désir.
Pommes d’Iðunn
Gardées par la déesse Iðunn, ces fruits d’or assurent aux dieux une jeunesse éternelle. Sans elles, le panthéon dépérirait. Elles incarnent le renouveau, l’immortalité et la vitalité.
Gjallarhorn (« cor retentissant »)
Le cor de Heimdallr, qui résonnera au Ragnarök pour annoncer la fin du monde et le rassemblement des dieux. Il incarne la vigilance et l’appel du destin.
La chaîne Gleipnir (« la ligature »)
Forgée par les nains pour retenir le loup Fenrir, elle est faite de choses impossibles : le bruit d’un pas de chat, les racines d’une montagne, la barbe d’une femme… Bien que fine comme un ruban, elle ne peut être rompue. Elle incarne la magie, la ruse et le destin inéluctable.
Anneau de serment d’Ullr (Ullar hringr, « l’anneau d’Ullr »)
Anneau sacré associé à Ullr, dieu des serments, du duel et de l’adresse. Dans les formules poétiques et juridiques anciennes, on « jurait sur l’anneau d’Ullr », consacrant pactes et arbitrages — le parjure attirant sa colère. Probable anneau de temple, manipulé lors des blóts et des serments solennels. Il incarne la parole liée, l’honneur guerrier et la sanction du parjure.